De Rugy prisonnier du dogme libéral !

, par Secteur CGT administrateur

Cette rencontre, demandée par les organisations syndicales, avait pour but d’échanger sur le Service Public ferroviaire et la réforme conduite par le gouvernement. La position particulière Mr de Rugy au sein des institutions de la République, lui confère des responsabilités constitutionnelles devant garantir la bonne tenue des débats démocratiques.

Ce n’est pas une surprise, les convictions du député de Rugy sont tournées vers la mise en concurrence de tous les secteurs de l’économie, ayant, chevillée au corps, la certitude qu’une délégation de service publique (DSP) est plus efficace qu’une entreprise publique. Mais au-delà de la conviction, son discours témoigne d’une absence totale d’arguments factuels, tout particulièrement concernant le domaine ferroviaire.

L’effet prétendument « stimulateur » de la concurrence n’a jamais été démontré et pour cause. Face aux éléments de langage Macroniens, la CGT a opposé des éléments concrets :

  • « En Italie des entreprises privées ont gagnés 30 % de fréquentation ». Soit, mais c’est 130 % de hausse de la fréquentation des TER sur la région des Pays de la Loire depuis 1997 grâce à l’entreprise publique tout en réalisant 20 % de gain de productivité.
  • « Le FRET Ferroviaire ». En 15 ans, l’ouverture à la concurrence a fait perdre la moitié du tonnage transporté par fer, tous opérateurs confondus !
  • « La dette du ferroviaire est insupportable ». La dette du système routier est mise sous le tapis alors qu’elle coûte plus de 16 milliards d’euros par an aux contribuables. Le produit des investissements publics dans les infrastructures routières profite essentiellement aux transporteurs routiers et aux actionnaires des sociétés d’autoroutes sans qu’ils aient contribué à leur financement ! De même, à l’évocation du niveau estimé de l’évasion fiscale en France (entre 60 et 80 milliards d’€, source Oxfam), qui représente une perte sèche de ressources pour l’Etat, M. de Rugy n’a pu opposer que son agacement.

En définitive, la réalité de la production ferroviaire n’a pas droit de cité dans le discours gouvernemental.

Mr de Rugy nous a indiqué qu’il travaillerait à mettre en œuvre des études d’impacts propres au Parlement, travaillées de concert avec le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) et qu’il souhaite obtenir une telle étude concernant la réforme ferroviaire avant le passage en deuxième lecture au Parlement.

Espérons que cette promesse soit tenue et que cette étude puisse réellement éclairer le débat par des données concrètes et sincères. La CGT a d’ailleurs rappelé que l’ouverture à la concurrence du Fret ferroviaire européen aurait déjà dû faire l’objet d’un retour d’expérience. Étonnamment il n’a jamais été produit.

Les échanges avec M. de Rugy, confirment les constatations des organisations syndicales représentatives à l’échelle nationale, à savoir l’absence totale de volonté de la majorité parlementaire de négocier une réforme en dehors du postulat érigeant l’ouverture à la concurrence comme nécessaire et inéluctable.

Les cheminots sont donc appelés à maintenir leur mobilisation par la grève les 23 et 24 avril prochain.